L’ESPRIT ET L’ÉPOUSE

Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fȇtes

Année C - VII de Pâques (Jn 17, 20-26)                                                      

par André De Vico, prêtre

correction française: merci à mes amis

         

 

      “L’Esprit et l’Épouse disent: ‘Viens!’ Celui qui entend, qu’il dise: ‘Viens!’ … Et celui qui donne ce témoignage déclare: ‘Oui, je viens sans tarder’. Amen! Viens, Seigneur Jésus!” (Ap 22, 17.20)

 

      Dès le commencement, il y a quelque chose qui tient l’Église debout: la certitude qu’Il viendra. L’Église est tendue vers l’avant, vers le retour de son Seigneur. C’est la raison qui réunit les fidèles tous les dimanches: accélérer le temps de sa venue! Malgré ces temps de précarité, d’attente, de tensions, de persécutions, d’épreuves, de divisions, de crise, de schismes et de scandales - même de la part de certains ministres qui devraient la servir - l’Église et ses fidèles se tiendront debout jusqu’à ce qu’ils aient le courage de chanter: “Viens, Seigneur Jésus!” Alors que tant d’autres l’abandonnent et s’en vont, nous n’avons que “cette” Église, nous montons sur “cette” barque, nous acceptons de naviguer en “ces” eaux. 

 

      Et “celles-ci” sont aussi les toutes dernières paroles de la Bible, l’essence de notre chant: “Viens, Seigneur Jésus!” Ainsi se termine l’Apocalypse: avec un regard vers le passé et un cri vers le futur. Il y a trois sujets: l’Esprit, l’Épouse et le Témoin. Il n’est pas difficile d’en découvrir l’identité. Cet Esprit est le même Esprit (que nous appelons “Saint”) qui a inspiré les premiers prophètes de l’Église (Ap 19, 10); l’Épouse est le titre que l’Apocalypse attribue à l’Église, en tant qu’unie au Seigneur ressuscité; le Témoin (celui qui annonce les choses qui doivent arriver) est le Christ lui-même comme on l’a appris au début du livre: il est “le témoin fidèle, le premier-né des morts …” (Ap 1, 5)

 

      Le petit mot: “Viens” apporte toute la saveur fraîche du Cantique des Cantiques, le petit poème érotique qui a été accueilli dans la liste des Livres de Dieu et est devenu un hymne à la divinité de l’amour: un détail qui ne pouvait pas échapper à l’auteur de l’Apocalypse. Dans le langage d’amour du Cantique, que “lui et elle” articulent entre sacré et profane, une tension se manifeste vers Dieu: c’est Lui qui a enclenché “ses flammes”, qui sont “des flammes de feu, fournaise divine” (Can 8, 6), qui ne peuvent pas être éteintes. Certes, le Cantique n’est pas mentionné explicitement dans le Nouveau Testament, mais cette attente du Seigneur qui vient, de la part de l’Église-Épouse, ressemble beaucoup à l’attente fébrile de deux amoureux. Des générations entières de mystiques le prouvent. Il n’est donc pas faux de tracer une ligne idéale entre le Cantique et l’Apocalypse. Le Seigneur lui-même, en disant: “Je me tiens à la porte, et je frappe” (Ap 3, 20) ressemble à l’époux du Cantique qui se présente la nuit à la porte de sa bien-aimée (qui en réalité joue à faire la difficile, avec la résultat catastrophique de l’éloigner!) (Can 5, 2)

 

      L’Apocalypse donc se termine bien, et s’achève avec une métaphore nuptiale. Jésus lui-même, tant de fois, avait présenté le Royaume de Dieu comme “une noce”. Dans notre cas la phrase pourrait se traduire: “L’Église-épouse, inspirée par l’Esprit, dit à Jésus-époux: ‘viens!’ ” Il est bien vrai qu’une épouse ne peut pas rester sans son époux, cela est compréhensible: l’Église ne peut pas rester sans le Christ! Dans les tourmentes de son histoire elle crie tout le temps à son Seigneur: “Viens!” Le cri liturgique des origines, l’“embryon” malheureusement presque tombé en désuétude dans notre Messe, résonnait: “Maranathà!” “Viens!” Les premiers chrétiens priaient comme ça et ça devait ressembler à “un hurlement de stade”, au point que les fidèles des temples païens en étaient profondément impressionnés. Cet ancien cri du “Maranathà”, très personnel et direct, s’est assoupli dans un plus fade: “Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire”.      

 

      Amen

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