ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR

ET VERBUM CARO FACTUM EST

ΚΑῚ Ὁ ΛΌΓΟΣ ΣᾺΡΞ ἘΓΈΝΕΤΟ

Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes              

Année C - Nativité du Seigneur, Messe du jour (Gv 1, 1-18)                       

par André De Vico, prêtre - correction française: merci à mes amis

 

 

       “Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu … C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui …  Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous”.  

      

      Avec le Prologue de l’Évangile de Saint Jean, nous pouvons nous imaginer devant la façade d’un Temple, ou parcourir la toute première page du livre de l’Univers. Au commencement il y avait le “Logos” (Verbum, Parole) “tourné vers Dieu”, tourné dans une position d’écoute attentive et de conversation intime avec Lui. Bien que les hommes Lui aient tourné le dos, Dieu, grâce à son infinie amour  envisage une nouvelle rencontre. C’est la raison pour laquelle, il envoie son “Logos” qui nous “ouvre la voie”, qui nous “fait l’exégèse”.

 

      Le mot “logos”, pour les grecs, est un mot lourd de signification philosophique et religieuse. Qu’est-ce que, le “logos?”. Il s’agit d’un mot lié à l’organe de la phonation: “gl” “glossa”: “langue, articulation, parole, raisonnement, discours, nombre, calcul, logistique …” En effet, dès notre naissance, la vie individuelle est “baignée” dans le langage. Au-delà de la biologie, nous sommes faits de paroles, de relations. Nous nous sommes même construits grâce aux paroles que nous échangeons les uns les autres, et ce dès les premiers mots de nos parents. Nous sommes le fruit des paroles que d’autres nous ont adressées. Paroles qui appellent, manifestent l’amour et la jouissance, mais aussi paroles qui touchent, qui brûlent, qui laissent des blessures difficiles à cicatriser.

 

      De la même façon, toute science humaine est construite sur le “logos”, cette capacité de langage, ce pouvoir de numériser la réalité. Le physicien qui pénètre l’atome, le biologiste qui s’intéresse aux processus vitaux, le mathématicien qui règule internet par ses logarithmes, le scientifique qui dirige un voyage interplanétaire: tout cela, serait impossible sans le “logos!”

 

      Alors: le “Logos Theou” (“Verbum Dei” “Parole de Dieu”), qui était auprès de Dieu, et qui était Dieu, s’est fait chair! Il “était”: se conjugue à l’imparfait afin d’exprimer la durée, “imperfectum durationis, duratio in existentia”. Ce Logos-là quitte sa supériorité, il descend, se mélange aux humains,  plante sa tente et  devient chair, “sarx”: fragilité, humanité. La chair est le lieu où tout cela se produit. Grâce à la chair, nous pouvons reconstruire des rapports de fraternité et de communion.

 

      Mais voilà, cette chair que nous sommes, en oubliant que c’est Lui qui a frappé le premier, veut se placer au centre de tout. Nous avons bien développé nos traditions religieuses, notre sens éthique, notre esprit critique, mais tout en oubliant son initiative d’amour. Nous sommes satisfaits par nos devoirs accomplis, plus que par les dons qui nous viennent de Lui. Nous sommes fiers de nos mérites et de nos conquêtes, mais en méprisant sa grâce. Nous plaçons les préceptes et les traditions religieuses au-dessus de toute écoute attentive.

 

      Nous avons perdu la capacité de voir le don, de donner, tant qu’il est vrai qu’a Noël “moi je te donne, et toi tu me donnes”. Où est le don, où est cette surprise agréable et inattendue que le cœur de la gratitude gonfle? Si nous nous trompons de religion, nous risquons de faire erreur sur tout le reste: le commerce de la religion ou la religion du commerce?

 

      Par exemple, dans le domaine de l’éducation, nous avons reçu des règles sans savoir pour quelles raisons il nous faudrait les observer. Cela nous conduit à rejeter toutes les règles et - face aux nouvelles générations - nous sommes restés “sans paroles” et sans valeurs. Dans le domaine de la politique, l’Europe a connu un “état éthique”, une société militarisée, une famille encasernée, qui ne faisait qu’exiger un respect de l’autorité et “un obéissance aveugle”. Aujourd’hui, par réaction, nous sommes en train de rejeter tout respect et toute révérence. On ne s’incline que devant soi-même.

 

      En amour il en est de même. A une époque passée encore proche, vivre en couple impliquait  des engagements et des tâches de grande envergure: un amour unique, exclusif, fidèle, fécond … alors qu’aujourd’hui on parle de l’amour comme d’un produit de consommation avec date d’expiration, avec peut-être une obsolescence programmée. Le secret pour répondre à cet état de faits se cache dans la capacité de cultiver une écoute attentive, qui est la toute première qualité du “Logos”. 

 

      Il est là notre souhait, notre rêve de Noel, en famille, dans les belles amitiés et dans l’administration de l’éducation: la capacité de donner la parole qui compte, qui sauve, qui vaut … Ce n’est pas la morale, la religion ou l’esprit critique, mais c’est le “Logos” qui nous ouvre la voie, ici, dans la chair, dans nos faiblesses. Rien n’est donc perdu: je peux toujours écrire un nouveau chapitre de mon histoire, à partir de la Première Page de l’Univers, ce “Logos” qui vient vers nous dans la chair d’un petit enfant!

                                                                                                             Amen

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