TOI, BETHLÉEM ÉPHRATA

Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes    

Année C - IV Advent (Lc 1, 39-45)                                                               

par André De Vico, prêtre - correction française: merci à mes amis

 

 

     “Toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël” (Mi 5, 1)

 

     Le Royaume de Dieu est surprenant: pour la naissance du petit prince, pas de coups de canons, pas de palais, pas de château, pas de capitale, pas de métropole, pas de tabloïd … Tout se passe à Bethléem, à dix kilomètres au sud de Jérusalem, à l’écart de la grande ville. Il y était déjà né David, le deuxième roi d’Israël, qui unifia les douze tribus, et à présent Michée annonce la naissance d’un descendant sorti de lui, destiné à une mission encore plus grandiose.

 

      Ayant reçu le message de l’Ange, Marie part en voyage, en toute hâte. Elle passe les montagnes, son but est d’aller servir chez sa cousine. Deux femmes, deux mères: la jeune sort et s’en va à la rencontre de la plus aînée. N’est-ce pas ce le vrai chemin de rencontre entre les générations? Pas d’égoïsme de la part des personnes âgées, et pas de malveillance de la part des jeunes gens! “Lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi” (Lc 1, 45). La joie de deux enfants à naître, signe le nouveau Royaume qui s’approche ! 

 

      Tout cela montre que le futur du monde ne se décide pas sur les grandes scènes. Nos anciens paysans savaient bien que les choses ont une direction. Par exemple tôt le matin,  quand le soleil se lève, c’est en direction de la lumière que le grain penche. Si on prend des grains et on les fait grandir dans l’obscurité d’une cave, nous constatons que le blé ne pousse pas droit, mais plié vers une éventuelle lueur de lumière qui filtrerait d’une fissure. Tout commence par les racines de la vie. La joie vient de l’obscurité du ventre. 

 

      Un moine raconte que, tout jeune, en faisant sa profession, il pensait convertir et sauver le monde entier. À présent, il s’est aperçu qu’il pourrait avancer jusqu’à la fin de sa vie dans la joie s’il arriverait au moins à se sauver lui-même: “c’est moi qui doit changer l’homme qui est en moi”. Un évêque, lui avait confié, vingt-cinq ans plus tôt, la gestion d’un petit sanctuaire en montagne, très austère, construit il y a mille ans par des moines, en lui disant: “prenez cette église-là; personne n’en veut”. En effet, personne n’en voulait parce qu’elle était une église pauvre, sans rien, pas de terrains, ni de revenus (David Maria Turoldo, “Inquietudine dell’universo”, Piemme, Casale Monferrato 1995, pp. 50-59)

 

      Normalement, les gens se surestiment et veulent se placer dans les points clés, au centre du pouvoir, dans les paroisses ou les diocèses les plus importants, et pourtant tout ce qui est grand est bien loin de là. Petite église, petite Bethléem, petite maison! Elles sont d’une noblesse unique! C’est dans un village minuscule, humble, que le futur du monde se décide  et non sur les tribunes ou les grandes scènes de la politique, de la culture ou de la finance. La joie de la moisson vient des profondeurs de la terre, de l’obscurité du ventre!

 

      Il n’est pas juste d’extraire de la terre plus que nécessaire pour vivre. Si “le superflu” est déjà immoral - pensons d’ailleurs aux gobelets et aux couverts en plastique qui nuisent à la planète - comment pourra-t-on alors qualifier “le luxe?” En tout cas, la richesse et la pauvreté des peuples se définit sur la base de la sobriété de ma vie: c’est à moi de changer, sans attendre que les autres le fassent avant moi! C’est l’humanité qui est en moi qui doit changer, sans attendre que “le système lui-même” change ! La leçon de la petite Bethléem: le futur du monde se décide à la petite échelle !

 

       Amen 

     

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