Le jeûne des yeux

Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes

AnnéeC - IIAdvent (Lc 3, 1-6)

 par André De Vico, prêtre - correction française: merci à mes amis

         “La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés” 

 

         Les sentiers battus par Jean dans le désert sont faits d’attente, de jeûne, de pénitence, de prière, de prédication … Tournons notre regard sur un jeûne particulier: “le jeûne des yeux”. Entrons dans l’atelier d’un moine orthodoxe qui peint une icône. 

 

         Il y a une différence remarquable entre un“tableau” et une “icône”. Un “tableau” se limite à représenter la nature, un événement, une idée abstraite. Celui qui le regarde en reçoit une gratification esthétique: “que c’est beau!” Par contre, une “icône” se fait dans une atmosphère de méditation et de prière. Le moine prend tout son temps, pas pour produire un“résultat”,mais une“rencontre”.Celui qui regarde une icône, retrouve l’Esprit Saint. La posture que les orthodoxes prennent en présence d’une icône, correspond à celle des catholiques à l’égard de l’Eucharistie, ou bien au respect que les réformés expriment envers le texte biblique: il y a le même Esprit!  

 

         En peignant son icône, le moine pratique “le jeûne des yeux”. Par exemple, s’il doit peindre une nativité, combien de pasteurs? Pour les représenter tous, deux suffisent. Deux petits moutons aussi. Il y avait tellement d’anges qui chantaient, à Noël, combien va-t-il en peindre? Deux valent pour tous, bien-sûr! L’iconographe garde l’essentiel, tout en pratiquant“le jeûne des formes et des couleurs”. 

 

         Autre exemple. Je veux faire un “tableau” qui représente la vie d’un saint ermite, assis en prière auprès d’une grotte entourée d’un bois, le soir. Il y a tant d’arbres, un ruisseau à côté, un village et une petite chapelle sur le fond. Il s’agit d’une composition à sujet religieux, bien évidemment, mais il comporte un grand défaut: l’oeil peut tomber sur un détail insignifiant, tel que une fenêtre illuminée de la chapelle, tout en perdant de vue le sujet principal. 

 

         Dans nos relations il en est de même. Par exemple, maman prépare la table. Les enfants sont distraits par leurs jeux vidéo, et le brave papa est en train de travailler au téléphone. Le dîner est prêt, le moment est important, elle cherche à dire quelque chose, mais personne ne l’entend, il y a trop de distractions, trop d’autres choses, trop d’autres intérêts. Changeons de contexte. Un étudiant est en train de préparer son examen. Sur la table, il y a un livre ouvert et un dispositif pour suivre toutes les mises à jour des réseaux sociaux. Doit-on s’étonner, si l’étudiant loupe son examen?

 

         De même, nous nous plaignons d’être stressés, à bout de nerfs, de n’en pouvoir plus, prêts à faire une dépression, mais … trop de travail, ou trop de distractions? Un paysage trop riche, une offre trop diversifiée, un abus des yeux, un désordre du désir et … nous nous retrouvons malades! 

 

         Le remède est dans le désert: comme Jean le Baptiste, comme un faiseur ou un contemplateur d’icônes, nous devons apprendre à nous concentrer sur ce qui compte, ce qui sert, ce qui est précieux !     

Télécharger
Réflexion complète à télécharger en PDF.
AdventC-02-DeuxièmeDimanche - LeJeûneDes
Document Adobe Acrobat 88.3 KB