LA RÉVÉLATION AUX PETITS

Année A - XIV Ordinaire (Mt 11, 25-30)                                                                                  Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes

par Andrea De Vico, prêtre                                                          

correction française: Nicolas Donzé, toxicologue;

Anne Mayoraz, éducatrice

 

 

      “En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit: ‘Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange: ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits” 

      

      Face au phénomène Jésus, les savants discutent et soulèvent des objections sans fin. Ils contestent son enseignement, sans réaliser l’accomplissement des Écritures qu’il implique. En revanche, les petits et les simples, ceux qui s’entassent autour de lui, le comprennent immédiatement, instinctivement, au point que Jésus ne peut pas retenir un cri d’enthousiasme. 

 

      Les enfants posent de nombreuses questions: qu’est-ce que c’est? pourquoi ça? Ils ont tendance à démonter des objets pour voir ce qu’il y a à l’intérieur. Même un scientifique qui ouvre l’atome pour étudier sa composition a le même enthousiasme qu’un enfant qui casse son jouet préféré pour le regarder à l’intérieur. C’est la curiosité des choses qui fait bouger l’esprit. Partant de l’émerveillement, l’aventure intellectuelle commence. Dans la Métaphysique d’Aristote, nous constatons que l’émerveillement est à l’origine même de la philosophie:

      

      “En fait, les hommes ont commencé à philosopher, maintenant comme au début, à cause de l’émerveillement: alors qu’au début ils s’étonnaient des difficultés plus simples, plus tard, progressant peu à peu, ils sont confrontés à des problèmes de plus en plus complexes …” (Metaph I, 982b, 13-18)    

 

      Ainsi, l’homme ancien a commencé à philosopher par l’émerveillement, tandis que l’homme moderne a choisi la voie du doute. Dans l’époque moderne, en fait, on a commencé à penser que le mystère de la Nature serait bientôt élucidé, comme deux et deux font quatre. C’est pourquoi la science moderne s’est vue dans l’obligation de tout mettre entre parenthèses, de n’accepter aucune vérité, pas même les prétendues vérités divines. Mais de cette façon, le mystère de la Nature et de Dieu, au lieu de se clarifier, s’est encore compliqué. L’hyperspécialisation des connaissances a produit une quantité d’hommes cultivés et intelligents, versés dans toutes sortes de connaissances, connaisseurs capillaires des problèmes scientifiques et culturels, mais parfois totalement ignorants d’eux-mêmes et de leur propre destin. Dès qu’on les emmène sur le plan de la signification et de valeur de la vie, ils commencent à bégayer, embarrassés et ennuyés. La sagesse, qui est la saveur de la science, ne peut être puisée dans la science elle-même, mais il faut s’adresser ailleurs. Sapientia quasi sapida scientia, la sagesse est le sel de la science, elle n’est pas produite par l’homme comme la science, mais elle est à l’intérieur des choses, c’est la tȃche de chacun que de la découvrir.

 

      L’homme moderne, plutôt que le chemin de la simplicité (le symbolon, qui introduit la vérité), a choisi celui de la division (le diabolon, ce qui nous sépare). En réalité, il n’est pas possible de construire quelque chose à partir d’un doute élevé en méthode. Essayez de mettre en place un contrat de mariage à partir des réserves qui peuvent être faites sur l’honnêteté de l’un des futurs conjoints! D’un autre côté, un analphabète, sur les grandes questions de l’existence et des relations humaines, peut avoir beaucoup plus de lumière qu’un grand docteur, versé et consommé dans son sujet particulier. Celui qui veut connaître Dieu doit se mettre à genoux et demander la Foi des petits. 

 

      L’étude est utile si la personne est humble, sinon elle devient narcissisme, ignorance humaine et divine. Les livres d’apiculture sont compris par les apiculteurs, les livres de musique par les musiciens. Il en est de même de l’Écriture: c’est un livre spirituel qui ne peut être compris que par les spirituels, c’est-à-dire par les petits, par les humbles à qui Dieu en révèle la signification.

 

      Amen

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