LE PREMIER JOUR APRÈS LE SABBAT

Année A - II Dimanche de Pâques (Jn 20, 19-31)                                  Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes

par André De Vico, prêtre                          

correction française: correction française: Nicolas Donzé, toxicologue;

Anne Mayoraz, éducatrice

 

 

      “Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : ‘La paix soit avec vous!’ ”

      

      Les disciples sont bouleversés, tout s’est passé en quelques jours: l’entrée triomphale dans la ville, la capture dans la nuit, un procès inéquitable, une voie douloureuse, une mort ignominieuse et un enterrement en toute hâte, dans l’imminence de la Pâque juive. Puis le silence de la tombe et la difficile recomposition du groupe. Le lendemain de la fête, tôt le matin, il fait encore nuit, Marie de Magdala découvre le sépulcre vide. Elle voit le Ressuscité et le dit aux disciples, qui sont encore plus déconcertés. Il y a toujours une femme pour le courage des premiers pas! 

 

      Une mauvaise journée pour le groupe: ils passent le reste du temps enfermés, ils étaient Galiléens et étrangers à Jérusalem, ils craignent donc les représailles de ceux qui ont tué Jésus. Enfin, le soir, eux aussi ont la vision du Ressuscité! La scène se répète huit jours plus tard, toujours enfermés dans la maison, toujours intimidés, le même salut de la paix, la même invitation à reprendre confiance. Une poignée de gens sur lesquels Jésus souffle son esprit et offre sa paix. C’étaient des hommes de métier, des pêcheurs laïcs, des gens pas du tout experts en choses sacrées. Pourtant, douze auront suffit, pour changer le monde !

 

      Aujourd’hui, il y a des prêtres qui se plaignent des églises de plus en plus vides, et communiquent ainsi  un sentiment de frustration finissant par paralyser même les braves fidèles qui sont restés. Et il y a des chrétiens qui vont à la messe avec le syndrome des survivants, en essayant  d’échapper à monde hostile, comme les apôtres réfugiés à huis clos dans la chambre haute.. Pendant ce temps, le Seigneur vient et dit: N’ayez pas peur, allez! “De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie”.

 

      L’Église naît de la Résurrection: si nous nous réunissons encore aujourd’hui, c’est pour écouter l’enseignement des Apôtres, pour mettre en commun les biens, dans la fraction du pain et dans la prière persévérante. La persévérance implique que la vie du chrétien n’est pas la vie d’une saison ou l’expression d’un moment privilégié. Il y a des chrétiens qui pensent avec nostalgie:  quand je chantais à l’église ... quand je faisais partie de l’action catholique ... quand je servais la messe (et je faisais des mauvais tours au curé) ... Et puis?  Est-ce là toute l’expérience de la Foi? Il n’y a pas d’autre chose à retenir?

 

      Thomas est appelé: Didime, c’est-à-dire jumeau, double, avec l’implication d’un concept négatif, comme pour dire: double face. Il est un disciple de Jésus, mais c’est lui qui dicte les conditions. Au lieu de faire confiance et de donner du crédit au récit des dix autres, il a tendance à faire prévaloir son opinion personnelle. En fait, la grande majorité des fidèles actuels sont comme lui: ils sont plus des commentateurs que des fidèles: je pense, je crois, je dis. Thomas n’est pas constant dans la fréquentation de la communauté, mais lorsqu’il est présent, il fait sentir son poids. Tout comme ces bons chrétiens qui revendiquent le droit d’avoir leur mot à dire, mais qui ne sont plus présents quand il s’agit de retrousser leurs manches. Thomas est un symbole de duplicité et d’ambiguïté dans la vie de Foi. Ce n’est pas un honneur de se comparer à lui. Dès que Thomas voit et reconnaît le Ressuscité, il est réintégré dans la communauté de Foi.

 

      Dans l’Église il y a des peurs, des fermetures, des fêlures, des défections, des absences, des abandons ... mais c’est là que le Ressuscité se fait présent. L’Evangile d’aujourd’hui en dit long sur les communautés qui se replient sur elles-mêmes par peur des menaces du monde extérieur,  incapables de soutenir des initiatives vitales ou paralysées par une attitude défensive. Une telle communauté figée doit s’élever: Jésus seul peut accomplir le miracle et mettre la paix à la place de la peur! C’est là que commence la mission!

 

      Le sacrifice de Jésus a été consommé en dehors de l’espace sacré du Temple, en dehors de la ville, sur la colline du Golgotha. Et encore: tout cela s’est passé le vendredi, en dehors du jour sacré du sabbat, pour ressusciter et réapparaître le lendemain. Il semble que Jésus ait voulu dribbler la sphère du sacré, afin de sanctifier tous les lieux et tous les temps, donc chaque lieu et chaque temps est bon pour célébrer la Résurrection, comme nous le faisons chaque semaine de l’année et chaque jour de la semaine. En effet, la messe que nous disons chaque jour est la même messe que nous disons à Pâques!

      

      Tous les temps et lieux sont donc attribuables à l’événement de la Résurrection! Bien sûr, il y a les rythmes du temps liturgique, les différentes lectures, les différents degrés de participation, les différentes étapes de la vie (baptême, mariage, funérailles), mais cela ne signifie pas qu’une messe vaut plus qu’une autre: cela veut dire que la Résurrection imprègne la vie sous tous ses aspects. Lorsque nous célébrons l’Eucharistie le soir, nous sommes dans le Cénacle. Lorsque nous la célébrons l’après-midi, nous sommes devant le Calvaire. Lorsque nous la célébrons le matin, nous sommes dans le jardin de la Résurrection.

 

      Les annotations chronologiques de l’Évangile sont précieuses: dans les deux cas, Jésus apparaît à ses disciples le premier jour après le sabbat, le premier jour de la semaine. A partir de là, les chrétiens prendront l’habitude de se rassembler pour la prière commune en ce jour qui sera appelé plus tard dies dominica, le jour du Seigneur (Dominus), le premier jour après le sabbat!

 

      Amen

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