L'OCTAVE PASCALE: VERS LA CHRISTOGÉNÈSE

Année A - Résurrection du Seigneur (Jn 20, 1-9)                                                                     Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes

par Andrea De Vico, prêtre                                                          

correction française: Nicolas Donzé, toxicologue; Anne Mayoraz, éducatrice

 

 

      “C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts”

 

      L’acte d’entrer dans un sépulcre est symbolique. Parfois le sépulcre est en nous, c’est nous: deuil, séparation, abandon, fin de bonnes amitiés, manque de communication ... fermeture, égoïsme, arrogance, abus, violence, manipulation, indifférence ... La foi en la résurrection change tout: dans une situation de mort, elle nous permet d’activer le germe d’une nouvelle vie! Hier soir, nous avons vu le cosmos sortir du chaos. À un certain moment, dans l’histoire de la création, voici le grand exploit de l’Univers, le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre: l’homme, doté d’un cerveau et d’une conscience capable de dire: j’existe! Cette composition fantastique a un nombre: 100 milliards de milliards de milliards de quarks (10 puissance 29). Pour faire cette merveille, il a fallu 13, 4 milliards d’années. Pour dire: j’existe, nous avons attendu que tous ces quarks, déjà présents à l’origine de l’Univers, s’associent en atomes, puis les atomes en molécules, puis les molécules en acides aminés, puis la vie est venue, l’évolution du vivant et ainsi de suite. En fait, le corps humain est fait du même matériau que les étoiles, et nous sommes en fait composés de poussière d’étoile. L’univers entier est impliqué dans cette évolution, l’être humain est le fils de ce cosmos. Pour donner la possibilité à 100 milliards de milliards de milliards de quarks de se joindre à une action globale et de pouvoir dire: j’existe, cela a pris 13, 4 milliards d’années, mais il y a du avoir une erreur, quelque part, dans ce compte. Tout cet effort pour faire un être intelligent, et que fait cet être? Il utilise son intelligence pour produire des outils d’autodestruction et de mort!

 

      Peut-être que le péché originel - exprimé de façon laïque - consiste en ceci: l’Univers a tout fait pour produire la merveille que nous sommes, et nous ne pensons à rien d’autre qu’à nous détruire et détruire l’environnement dans lequel nous vivons! Il semble que l’intelligence soit un cadeau empoisonné ou une mauvaise plaisanterie du destin. Mais peut-être, plus simplement, que l’intelligence est un test que l’être humain doit faire pour avoir une nouvelle chance de grandir. En fait, nous avons tout ce qu’il nous faut  pour surmonter la crise, même si rien ne garantit le résultat. Notre civilisation doit passer un examen de maturité dont le thème peut être énoncé en ces termes: “La complexité, pour l’être humain, est-elle viable?” Pourrons-nous mieux exploiter les ressources de la nature, ou bien allons-nous nous auto-détruire avec nos guerres, nos armes, notre industrialisation? (1) Ce test ressemble à l’épreuve d’Adam dans le paradis: tout est à toi, mais sache reconnaître la limite!

      

      Nous avons fait un chemin à partir des couches les plus sombres de la matière, nous avons traversé le monde inorganique et organique pour arriver à la conscience. La formation du cosmos prépare celle de la vie, et la formation de la vie prépare celle de la conscience, mais ce n’est pas tout : il y a un pas de plus à franchir. Les anciens poètes, philosophes et naturalistes avaient remarqué qu’il y avait quelque chose de divin en nous, quelque chose qui attendait d’être achevé, et ils ont appelé cela: la divinisation de l’homme. Certains auteurs modernes l’appellent le transhumanisme, mais c’est une dérive aliénante, une nouvelle édition du péché originel, un malentendu colossal qui est à la base d’un nouvel esclavage et de nouvelles terres à libérer. La théologie biblique ferme l’anneau Création-évolution-divinisation avec un dernier et suggestif concept de Christogénèse. Il s’agit de la formation du Christ en nous, c’est à dire de notre image d’enfants par rapport au Père. Nous sommes appelés à devenir des fils dans le Fils, suivant le prototype parfait: Jésus ressuscité, qui signe la victoire du cosmos sur le chaos!

 

(1) Hubert Reeves, “L’Univers”, collection “A voix haute”, Editions Gallimard, 2009

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