LA VOIX DANS LE DÉSERT

Année B - II Advent (Mc 1, 1-8)                                                                                               Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes   

par Andrea De Vico, prêtre                                                          

correction française: Nicolas Donzé, toxicologue;

Anne Mayoraz, éducatrice

 

 

      “Une voix proclame: ‘Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu’ ” (Is 40, 3)

      

      Il y a un désert physique en croissance constante: 33% de la surface terrestre de la planète. Pour des raisons de sécheresse et de famine, des centaines de millions de personnes sont obligées d’émigrer ailleurs. Et il y a un autre type de désert, le désert intérieur. Les relations humaines se tarissent, on vit dans la solitude, dans l’indifférence, dans l’anonymat. Il y a des endroits où même si tu cries, personne ne t’écoute, si tu tombes, personne ne t’aide, si une bête t’attaque la nuit, personne ne te défend, si tu as une joie ou une douleur, il n’y a personne avec qui la partager. Tout est brûlé, terne, sans affection, plein de sable, de colère!

      

      Pour combler ce vide, les gens s’adonnent aux amusements les plus étranges: au travail, aux commerces, à la bouteille, à la télévision, aux réseaux sociaux ... Mais tout cela est triste, et ne fait qu’augmenter le sentiment de malaise. Plus les possibilités de se faire plaisir augmentent, plus les gens ont la nausée. Plus les médias augmentent, plus la véritable communication diminue. Et que font les amoureux, ont-ils besoin d’un canal télévisé pour rester en communion? Et quand l’amour tombe dans un état de fatigue et de manque, que font-ils tous les deux? Commencent-ils à chercher dans des sites aux pratiques ineffables ce qui pourrait raviver la passion? Si nous communiquons rarement en famille, est-ce à cause de la télévision et des téléphones portables? En réalité, généralement, ces dispositifs arrivent lorsque le vide entre les personnes a déjà été créé. 

 

      La voix d’Isaïe, prophète d’Israël au moment de l’exil de Babylone, éclate soudain sur toute cette misère et dit: dans ce désert, préparez le chemin du Seigneur! La situation internationale a changé, le peuple a payé sa dette, l’esclavage est terminé, et l’opportunité de retourner dans le pays d’origine est enfin donnée. Il y a un désert physique à traverser, un lieu inhospitalier et sans loi, où dominent les maraudeurs et les bêtes sauvages, mais cette fois le retour sera triomphant: plus de sentiers sinueux ni de pistes épuisantes! Il y a des relais et des messagers qui vont de l’avant pour mener à bien l’appel et préparer les esprits: que tout le monde soit prêt à affronter le voyage, les voies sont lissées, les cheminements redressés et faciles!

 

      Le prophète, dans son enthousiasme, rêve d’un aplanissement de collines à la manière d’une voie sacrée tracée devant les temples babyloniens, d’une manière linéaire, plate et spacieuse, une sorte de Via della Conciliazione ou d’autoroute de l’antiquité. Le désert n’est plus un lieu dangereux, solitaire, aliénant, marginal, mais il devient le lieu de rassemblement, de fondation, de décision, de purification, de passage, d’essentialité, de rencontre avec Dieu.

 

      Il y a des siècles avant Isaïe, Moïse avait connu Dieu dans le désert, où il avait eu la révélation du buisson ardent. Israël lui-même est né en tant que nation dans le désert, lorsqu’il a reçu les Tables de la Loi, avant d’entrer dans la terre promise. Les événements de l’histoire se décident donc dans le désert, loin du bruit de la soi-disant civilisation, dans des lieux où les choses essentielles dont on a besoin sont simples: de l’eau, de la nourriture et une boussole d’orientation.

 

      Le héraut de l’Ancien Testament, qui parle au nom d’Isaïe, est personnifié dans le Nouveau Testament par la figure de Jean-Baptiste. L’ancienne prophétie d’Isaïe est reprise par Marc et appliquée à la prédication du Baptiste, qui nous invite à préparer de nouvelles voies. L’index d’Isaïe et celui du Baptiste pointent tous deux dans la même direction: l’intervention de Dieu dans l’histoire. Mais il y a quelque chose de nouveau chez le Baptiste: je vous purifie avec l’eau du fleuve ... mais celui qui vient après moi vous purifiera à l’intérieur, avec le feu du Saint-Esprit!

 

      Après le Baptiste, il y a eu et il y a toujours une infinité de hérauts comme lui. Les messagers des annonces heureuses sont toujours d’actualité, et nous aussi nous sommes appelés à en faire partie. Dans le désert du monde, il n’y a pas seulement des potins et des nouvelles du crime, mais une floraison d’initiatives, de nouvelles connexions qui s’établissent! Nous sommes au temps de l’Esprit, du baptême dans l’Esprit, du feu spirituel, du bain de grâce et d’amour. Notre conduite était rude, mais nous avons eu l’occasion de la lisser; nos mots étaient anguleux et imprévisibles, mais nous avons eu le temps de redresser notre façon de penser ...

 

       Amen

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